Vin dont la sève caractéristique du Pinot Gris prend toute sa dimension avec une minéralité fine et salivante, et la finale, florale et épicée, est interminable et d'une grande élégance. Les vins issus de ce terroir sont d’une garde exceptionnelle, plus de 20 ans sûrement. Bouteille de 75 cl.
Pinot Gris
Pinot Gris Grand Cru Muenchberg A360P 2018 - Ostertag
- Disponible immédiatement
- Emballage soigné
- Points Fidelité
Détails du produit
Description
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Domaine : | Domaine Ostertag - Epfig. Biodynamie (1998). Vinabio |
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Terroir : |
Muenchberg signifie « La Montagne des Moines » en Alsacien, car il a été planté pour la première fois par les moines cisterciens de l'abbaye du Baumgarten au 12ème siècle. Cette abbaye, située à 500m à vol d'oiseau et toujours en activité, est aujourd'hui dévolue à une congrégation de nonnes cisterciennes. Le Muenchberg est un magnifique amphithéâtre regardant le sud, dans une vallée au pied des Vosges, sur la commune de Nothalten. Il est dominé à l'Ouest par l'Ungersberg, une grosse montagne qui le protège des intempéries venant de l'océan. De ce fait, on considère les Vosges comme la dernière barrière aux influences océaniques et comme la porte de l'Europe centrale et de son climat continental. Le Muenchberg est un Grand Cru d'une superficie totale de 17 Ha ; nous en possédons 2,10 Ha, dont 0,50 Ha sont plantés de Pinot Gris sur la pointe nord-est d’où jaillit une veine calcaire, qui se mélange au grès rose et aux sédiments volcaniques vieux de 250 millions d'années. Son altitude idéale (entre 250 et 300 mètres) le protège d'une chaleur excessive, tout en préservant une grande complexité dans les vins. |
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Cépages : |
Pinot Gris. |
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Caractère du Vin : |
Cette cuvée a été rendue célèbre dans le monde entier sous « A360P » qui est le code cadastral de la vigne de Pinot Gris. En effet pour un certain nombre de millésimes les commissions d’agrément ont refusé de l’accepter sous son vrai nom : MUENCHBERG Grand Cru « because of » boisé atypique!! Ce n'est pourtant pas ce qui domine à la dégustation tant il est profond et complexe. La sève caractéristique du Pinot Gris prend toute sa dimension avec une minéralité fine et salivante, et la finale, florale et épicée, est interminable et d'une grande élégance. Les vins issus de ce terroir sont d’une garde exceptionnelle, plus de 20 ans sûrement. |
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Teneur en sucres résiduels : Acidité totale : Degré d'alcool : |
8 g/l. g/l ac Tartrique. 13,5 % vol. |
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Vendanges et Vinification : |
Les rendements du A360P se situent entre 20 et 30 HL/ha selon les années. La taille est courte, soit 2 petites baguettes de 5-6 yeux. Une attention particulière est portée au plan de palissage et au travail manuel de la plante car même si la machine reste indispensable elle n’aura jamais « l’intelligente sensibilité de la main ». Pour nous d’ailleurs le point essentiel de la qualité d’un vin dépendra toujours avant tout des hommes, de leur engagement, de leur sensibilité et de leur passion. C'est la clé de la réussite d'une viticulture en Biodynamie. |
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Garde : |
20 ans et plus. |
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A déguster avec : |
toute cuisine raffinée et délicate à base de poissons, crustacés, volailles et viandes blanches. |
A360P l’éternel recommencement ~Petite histoire en 3 actes d’un vin atypique ~ Acte 1 : de la Vigne et de la révélation du Terroir 1982 : nous venons d’arracher une vigne de Sylvaner en piteux état, virosée et agonisante, située à la pointe orientale de l’amphithéâtre naturel du Muenchberg. La parcelle, répertoriée sous le code cadastral A360P, est contiguë au Zellberg et séparée de celui-ci par un chemin qui constitue la limite du Grand Cru. Au défonçage, nous découvrons une veine calcaire issue du Zellberg voisin, qui vient ici se mêler aux matériaux classiques du Muenchberg que sont grès rose et sédiments volcaniques. Nous décidons alors d’y replanter du Pinot Gris, friand de calcaire et jusqu’ici absent du Muenchberg. La vigne va prendre lentement possession du lieu. Cette partie haute du Muenchberg, en limite de crête, est en effet très exposée au vent ce qui rend la pousse plus difficile. Quant au sol, caillouteux et peu épais, il repose directement sur la roche ce qui ralentit évidemment l’installation racinaire. La première vendange s’effectuera en 1987 et dès le millésime 1989 nous obtenons une sélection de grains nobles d’anthologie avec un tri à 28°5 ! Très vite, cette vigne va se distinguer par sa formidable capacité à mûrir tôt et botrytiser dès septembre. A cet égard, 1997 aura été un millésime charnière car il nous a permis de comprendre que pour espérer faire de grands secs, il ne fallait pas trop tarder à récolter, sous peine de voir très vite les raisins partir en confit. Et depuis, A360P est toujours l’une des premières vignes récoltées au Domaine, en général dès septembre, alors que sur ce même Muenchberg, les riesling sont rarement vendangés avant mi-octobre. En 1998 la biodynamie vient renforcer vitalité et verticalité de la vigne et accroît l’assimilation des éléments constitutifs du terroir. Par les racines bien sûr, qui explorent sous terre et remontent le minéral dans la plante, mais aussi par ces autres racines que sont les feuilles, racines du ciel cette fois, tant elles sont occupées à capter l’énergie lumineuse du ciel tout entier. Labours, préparats, compost, tisanes de plante sont autant d’actes agricoles précieux au développement harmonieux de la plante. Mais rien ne vaut une main attentive, apaisante, seule capable d’établir un lien sensible avec la vigne et sans doute davantage, une sorte de dialogue intime et silencieux. En France, le terroir est en voie de sacralisation. A juste titre, tant ce concept est fondamental dans le fonctionnement des systèmes biologiques. Tant il est au cœur même de la forme et du goût des choses, cela va du paysage à l’aliment. Tant il imprègne les us et coutumes des gens. Le terroir est un patrimoine à sauver absolument ce qui signifie en tout premier lieu y avoir des pratiques respectueuses de sa spécificité, celle-là même qui fait que la vie ne s’y exprime pas tout à fait pareille qu’à côté. Mais de là à se faire le serviteur soumis et résigné d’un terroir devenu dogme tout puissant et à se mettre à l’idolâtrer haut et fort avec cette humilité feinte des dévots, il y a un pas que je ne peux franchir. Le terroir c’est la prairie, le village, la vigne, le verger. C’est un lieu hautement civilisé, un lieu ouvert. Abandonné à lui-même, il redevient friche, broussaille, forêt, il se referme. L’homme est au centre du système. Le terroir est un microcosme relié au macrocosme dont le foyer irradiant est l’homme. Sans lui, le paysage s’obscurcit, se referme et redevient jungle primitive. A360P comme tout terroir est absolument unique. Il le doit à sa roche souterraine, à sa peau superficielle, à sa circulation d’air, à son soleil particulier et peut être même à sa façon de s’adresser aux étoiles. Mais son centre névralgique, son cœur palpitant passe par le vigneron qui l’habite et le révèle au monde. Au point de ne pas toujours savoir distinguer la part de l’un de la part de l’autre et de parfois les confondre.
Acte 2 : De la Cave et du façonnage du Style Trouver mon propre style pour le Pinot Gris m’a taraudé longtemps. Je n’ai jamais aimé ce qui, peu à peu, s’est imposé comme le modèle du genre : un vin épais, lourdaud souvent empâté dans ses sucres. J’ai toujours voulu un vin gras et sec, robuste certes car c’est là sa vraie nature, mais dégrossi, affiné par un élevage bonificateur. Le Pinot Gris est d’origine bourguignonne, où il est dénommé Beurot, du nom de la robe des moines, la bure, de même couleur brunâtre que la sienne. D’ailleurs, on le trouve encore de nos jours sur le Corton Charlemagne ou le Clos des Mouches. Il y a, de tous temps, été vinifié en barriques car le Pinot Gris fait partie de ces cépages peu aromatiques, qui pour s’exprimer ont de gros besoins en oxygène. Au contraire de cépages réductifs comme le Riesling ou le Sylvaner, que l’oxygène fatigue vite et parfois même affadit. La barrique en raison de sa forme ronde et d’une contenance optimale pour les échanges gazeux permet au Pinot Gris une oxygénation ménagée indispensable à son plein épanouissement. Les processus fermentaires y sont nettement améliorés grâce à une meilleure disponibilité de l’oxygène nécessaire à la multiplication des levures. Sans pour autant provoquer de chauffes dangereuses car les volumes mis en œuvre (228 L) restent petits et se refroidissent vite. Les fermentations peuvent ainsi être menées au bout ce qui permet de faire des vins parfaitement secs. Mais les avantages de la barrique ne s’arrêtent pas là. Grâce à sa forme ventrue, le dépôt de lie offre une surface d’échange maximale à son vin. La lie est un pur bienfait pour le vin, elle le nourrit, elle le protège, elle le renforce. C’est une sorte de membrane amniotique constituée des levures mortes. Ces levures qui, ne l’oublions pas, auront été les agents transmutant le moût initial en vin. Il y a là un vrai rapport à l’origine même du vin. Et tout comme le placenta est le lien entre la mère et l’embryon, et pourra plus tard sous forme de granules homéopathiques aider l’enfant à grandir, la lie, elle, va aider le vin à se faire, à se préparer pour le grand voyage en bouteille. Comme on peut le voir, le vin est une merveilleuse alchimie qui obéit à ses propres mystères. Mais nul vin ne s’est jamais fait spontanément, il aura au moins fallu presser le raisin ! A nouveau, l’homme se retrouve au cœur du processus. Il décide, il opère et ce faisant, peu à peu, façonne le vin. Rien n’est anodin, tout aura des conséquences, l’action comme l’inaction. Et si la plupart des vins s’élaborent de façon technicienne et industrielle, sans réelle écoute et sans grande envie, si ce n’est celle d’hypothétiques consommateurs de masse, le vin, le vrai, est tout autre. Car le vin sait être œuvre unique et digestible, vivante et évolutive. Mais jamais sans style car c’est précisément le style qui l’arrache à sa condition de produit alimentaire pré formaté. C’est le style qui donne accès à sa vérité profonde, à sa part d’âme, celle qui seule saura émouvoir le buveur. Mais dites-moi y a t’il réellement autre intérêt que celui-là dans le vin ?
Acte 3 :de la Dégustation et de l’Art de survivre aux intolérances « Quand le vin est tiré, il faut le boire ! » dit l’adage populaire. A vrai dire, dans le système actuel des AOC, avant de pouvoir le boire, il faut le juger, car en France, un vin ne peut avoir d’existence légale tant qu’il n’aura été jugé apte par une commission d’agrément. Cette commission se compose de professionnels tirés au sort, elle n’est jamais la même et chaque vin a droit à se présenter trois fois. La commission déguste les vins à l’aveugle et doit évaluer leur conformité à l’appellation de naissance. Il s’agit bien entendu de détecter d’éventuels défauts mais aussi de juger leur typicité. Or c’est là que le bât blesse. Car comment définir la typicité, concept insaisissable, échappant par nature à toute forme de rationalité et qui, très vite, dérape en une sorte de fantasme collectif nauséabond. La typicité se résume alors à la loi du plus grand nombre érigée en loi du plus fort. Elle se fait rouleau compresseur écrasant toute singularité, refusant toute différence et ne tolérant aucune exception culturelle. Elle ouvre grande la porte de l’uniformisation et organise elle même sa propre standardisation. Cette typicité là n’est qu’une régression collective qui nous éloigne immanquablement de la diversité originelle. Bien sûr , notre Pinot Gris du Muenchberg affronte, lui aussi, chaque année ces commissions de censure. Et leurs jugements sont tout à fait imprévisibles. Ainsi sur les 15 millésimes concernés à ce jour, 5 millésimes ont été agrées sous la dénomination Muenchberg Grand Cru dès la première présentation, 2001, 1999, 1996, 1995, 1993 ; 5 millésimes ont été refusés en Muenchberg Grand Cru pour les motifs suivants : « 2000 : manque de typicité dans le cépage, manque de typicité du terroir » « 1992 : goût de bois », « 1991 : boisé, pas de type grand cru », « 1988 : bois excessif, trop petit pour un grand cru », « 1987 : trop petit pour un grand cru ». Quant au millésime 1998 il a été agréé in extremis en Muenchberg Grand Cru par la commission d’appel. Les millésimes 1997, 1994, 1990, 1989 vendanges tardives et sélection de grains nobles donc liquoreux, ont été labellisés sans difficulté en Muenchberg Grand Cru. Pour être tout a fait complet, il convient de préciser que jusqu’à très récemment, en dehors d’A360P, il n’y avait pas d’autre Pinot Gris planté sur le Muenchberg. Je vous laisse imaginer le sens que l’on pouvait alors accorder à Typicité ! On s’en rend compte, l’existence d’un vin, son droit à porter son nom d’origine, ce droit fondamental à exister car sans nom point d’identité donc point d’existence, dépend bien plus du bon vouloir de quelques uns que du soin, de l’amour et de l’attention portés à sa vigne et à son vin. Voilà pourquoi A360P, code cadastral d’un terroir devenu innommable, résonne comme un langage codé, code de survie pour résister aux intolérances et sauvegarder la liberté de penser, de rêver, de créer ! Parce que le vin aussi est une forme d’expression. Le vin est une œuvre vivante qui a une histoire à raconter. Et cette histoire il la raconte seul. Le vin vit sa vie, voyage, va au bout du monde, patiente en de sombres dépôts, s’endort en des caves profondes. Et un beau jour s’en vient irriguer le corps de lointains inconnus. Par les canaux du sang se dépose dans l’intimité de leurs cellules puis s’en va nourrir des pensées fertiles ou faire pousser d’inaccessibles rêves. Certains l’aduleront, d’autres le détesteront. On pourra le garder éternellement en mémoire ou l’oublier aussitôt bu. Mais pour l’entendre il faut l’avaler et l’emporter au plus profond de soi même. Le vin est un langage qui parle à nos sens, à nos cellules et à nos rêves. Le vin est un langage universel qui fait fi des frontières, des barrières, des intolérances…….
Epilogue Si tu donnes du vin à boire à la montagne, elle dansera. Qui dédaigne le vin, n’est qu’un simple d’esprit. Je ne renoncerai jamais à boire, car : Il y a « un je ne sais quoi » dans le vin qui forme l’homme ! « Les Robâiyât » – Quatrain 260 Omar KHAYYÂM – savant et poète iranien du XIème siècleFévrier 2003 André Ostertag, vigneron.
Plus d’information
Cépage | Pinot Gris |
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Millésime | 2018 |
Contenance | 75cl |
Producteur | André OSTERTAG |